Parce qu’elles incarnent les dernières idoles que l’Europe se permet d’adorer, on pardonne beaucoup aux grandes idées. On se plait à s’y blottir, s’y consoler, s’y fourvoyer. De la même manière que nos antiques statuettes, nous les avons enfermées dans un naos obscur, et ne les sortons qu’à échéances régulières pour les parer, les nourrir, les porter en procession dans nos villes et dans nos cœurs en espérant que de telles manœuvres permettront de les faire vivre quelques jours encore et de nous assurer leur indulgence. Qui pourrait reprocher une telle adoration après tant de désillusions, tant de sacrifices et tant de combats. Comment ne pas chérir cette Liberté reçue précieusement en héritage.
Comment la regarder en face pourtant, comment prétendre que la société sur laquelle elle s’est fondée l’honore par delà ses apparences. Eviter le blasphème n’a jamais garanti aux idoles la sincérité des prières ; assurer un culte la réalité des comportements qui l’animaient.
Par vice, l’Homme n’est pas libre. Et le vice, parce qu’il est bon, parce qu’il est doux, parce qu’il ignore l’ingratitude des sacrifices, est la nature spontanée de tout Homme assez intelligent pour faire des choix simples. Contrairement à un raccourci habilement posé en norme logique par des penseurs bien intentionnés, le contraire de la liberté n’est pas l’esclavage. C’est bien le vice. Aucune connotation religieuse dans ce mot, aucun sens péjoratif même. Le vice est un fait. La paresse, la lâcheté, les plaisirs simples sont autant de comportements protecteurs, donc instinctifs, donc fondamentalement partagés. Se protéger est légitime, tout reproche envers cette attitude est hypocrite et vaniteuse.
Bien entendu, les hommes n’aiment pas les chaines qui les étouffent et menacent la vie simple qu’ils chérissent. Pour autant, ils redoutent tout autant les vastes espaces où laissés à l’incertitude de leur seul jugement, ils finissent tétanisés. Laissez un homme seul au milieu d’un espace sauvage magnifique, vous le retrouverez prostré près d’un semblant d’abri improvisé, au point même où vous l’aurez abandonné. Il n’aura pas bougé. Face à l’évidence de sa médiocrité, l’homme s’enfermera seul, sans mur, sans chaine. La liberté est un don terrifiant que peu embrassent.
Les penseurs n’aiment pas la réalité. Ils n’aiment pas la vulgarité. Ils n’aiment pas l’Homme. Ils chérissent l’exception, les héros, les marginaux. Toujours l’amour se joue de la raison, et la raison amoureuse voit dans l’exception chérie la norme des Hommes. Ils fondent des systèmes sur cette illusion fondamentale. Et si tout parent est persuadé que l’amour garantira à son enfant un brillant destin, il réalise vite qu’à l’épreuve des faits, aucune illusion ne peut protéger une création mal fondée.
Notre société est belle. Elle est prospère, elle est tolérante. A de multiples égards, elle est l’incarnation magnifique des valeurs sur lesquelles elle est fondée. Mais ce n’est pas une fille de la liberté, c’est une fille du vice. C’est le plaisir qui guide la démocratie que nous avons construite. C’est la quête du bonheur qui a combattu les tyrannies oppressantes. C’est une belle conquête. Nous sommes souvent ingrats envers un système qui a limité la souffrance ordinaire à la tracasserie. La liberté n’a été qu’une arme, une ambition superbe et dévastatrice portée par les meneurs de mouvement assez forts pour incarner une idée que leur charisme humanisait. La victoire assurée, la liberté a été remise à sa place, statufiée et honorée. Ses nouveaux maitres la respectent, ils ne la trahissent pas mais l’ordre du bonheur se protège.
Le combat du bonheur a bien été gagné par la liberté, mais il s’est arrêté là. Nous sommes rentrés dans le rang. Il ne s’agit pas des lois, il ne s’agit pas des convenances qu’imposent la vie commune, deux limites évidentes de la liberté. La société resplendissante dont nous avons héritée nous aveugle sur son imperfection. On nous la présente aboutie dans ses structures, ses finalités. La révolution n’est plus une promesse de bonheur et de liberté, mais une menace. Or, elle est toujours aussi pertinente pour peu qu’on la débarrasse de son abjecte prison marxiste. Les systèmes économiques et politiques sont toujours orientés vers la satisfaction, la promotion et la conservation d’une clique qui a eu l’intelligence et sans doute une réelle bonté, de partager sa richesse pour mieux la consolider. A vrai dire, les riches n’ont jamais été aussi riches depuis que les pauvres sont moins pauvres, et surtout par le fait même, jamais les riches n’ont ainsi été aussi assurés de le rester. Le confort des classes moyennes assurent une prospérité éternelle à la classe dominante.
Il faut être juste avec ses adversaires. Le système qui s’est mis en place est une œuvre de génie. Il est généreux, il est confortable. Il est profondément basé sur les qualités et défauts humains. La vie y est douce. Qu’on ne se méprenne pas sur mon propos. Il ne s’agit en rien d’un complot. Ce système s’est mis en place tout seul, lentement et surement parce qu’il correspond parfaitement à la nature humaine, au vice, et non à la liberté, parce qu’il satisfait aux aspirations élémentaires légitimes plutôt que de faire vivre des rêves ingrats. Le système capitaliste et la démocratie s’imposent, se sont imposés et s’imposeront non pas parce qu’ils reposent sur la liberté, mais parce qu’ils satisfont les hommes. C’est en cela qu’ils sont universels. La liberté était l’arme des civilisations occidentales pour y parvenir, ce ne fut pas celle des Japonais, ce ne sera pas celle des Chinois. Pourtant tous arriveront au même endroit. A bien des égards, cela pourrait bien être la fin de l’Histoire. Et ce serait une belle fin.
Il faut s’en féliciter. La démocratie, le capitalisme sont de bons systèmes. Mais le bon n’interdit pas le mieux. Et si le système refuse toute critique comme immédiatement menaçante et délétère, il ne veut pas non plus la faire taire. Au fonds, les hommes savent que cette liberté qui leur fait peur reste séduisante. Le confort leur a donné des forces, une culture, une envie. Peut être sommes nous prêts à une nouvelle étape. Sans doute faut il ressortir l’arme de la liberté.
Par vice, l’Homme n’est pas libre. Et le vice, parce qu’il est bon, parce qu’il est doux, parce qu’il ignore l’ingratitude des sacrifices, est la nature spontanée de tout Homme assez intelligent pour faire des choix simples. Contrairement à un raccourci habilement posé en norme logique par des penseurs bien intentionnés, le contraire de la liberté n’est pas l’esclavage. C’est bien le vice. Aucune connotation religieuse dans ce mot, aucun sens péjoratif même. Le vice est un fait. La paresse, la lâcheté, les plaisirs simples sont autant de comportements protecteurs, donc instinctifs, donc fondamentalement partagés. Se protéger est légitime, tout reproche envers cette attitude est hypocrite et vaniteuse.
Bien entendu, les hommes n’aiment pas les chaines qui les étouffent et menacent la vie simple qu’ils chérissent. Pour autant, ils redoutent tout autant les vastes espaces où laissés à l’incertitude de leur seul jugement, ils finissent tétanisés. Laissez un homme seul au milieu d’un espace sauvage magnifique, vous le retrouverez prostré près d’un semblant d’abri improvisé, au point même où vous l’aurez abandonné. Il n’aura pas bougé. Face à l’évidence de sa médiocrité, l’homme s’enfermera seul, sans mur, sans chaine. La liberté est un don terrifiant que peu embrassent.
Les penseurs n’aiment pas la réalité. Ils n’aiment pas la vulgarité. Ils n’aiment pas l’Homme. Ils chérissent l’exception, les héros, les marginaux. Toujours l’amour se joue de la raison, et la raison amoureuse voit dans l’exception chérie la norme des Hommes. Ils fondent des systèmes sur cette illusion fondamentale. Et si tout parent est persuadé que l’amour garantira à son enfant un brillant destin, il réalise vite qu’à l’épreuve des faits, aucune illusion ne peut protéger une création mal fondée.
Notre société est belle. Elle est prospère, elle est tolérante. A de multiples égards, elle est l’incarnation magnifique des valeurs sur lesquelles elle est fondée. Mais ce n’est pas une fille de la liberté, c’est une fille du vice. C’est le plaisir qui guide la démocratie que nous avons construite. C’est la quête du bonheur qui a combattu les tyrannies oppressantes. C’est une belle conquête. Nous sommes souvent ingrats envers un système qui a limité la souffrance ordinaire à la tracasserie. La liberté n’a été qu’une arme, une ambition superbe et dévastatrice portée par les meneurs de mouvement assez forts pour incarner une idée que leur charisme humanisait. La victoire assurée, la liberté a été remise à sa place, statufiée et honorée. Ses nouveaux maitres la respectent, ils ne la trahissent pas mais l’ordre du bonheur se protège.
Le combat du bonheur a bien été gagné par la liberté, mais il s’est arrêté là. Nous sommes rentrés dans le rang. Il ne s’agit pas des lois, il ne s’agit pas des convenances qu’imposent la vie commune, deux limites évidentes de la liberté. La société resplendissante dont nous avons héritée nous aveugle sur son imperfection. On nous la présente aboutie dans ses structures, ses finalités. La révolution n’est plus une promesse de bonheur et de liberté, mais une menace. Or, elle est toujours aussi pertinente pour peu qu’on la débarrasse de son abjecte prison marxiste. Les systèmes économiques et politiques sont toujours orientés vers la satisfaction, la promotion et la conservation d’une clique qui a eu l’intelligence et sans doute une réelle bonté, de partager sa richesse pour mieux la consolider. A vrai dire, les riches n’ont jamais été aussi riches depuis que les pauvres sont moins pauvres, et surtout par le fait même, jamais les riches n’ont ainsi été aussi assurés de le rester. Le confort des classes moyennes assurent une prospérité éternelle à la classe dominante.
Il faut être juste avec ses adversaires. Le système qui s’est mis en place est une œuvre de génie. Il est généreux, il est confortable. Il est profondément basé sur les qualités et défauts humains. La vie y est douce. Qu’on ne se méprenne pas sur mon propos. Il ne s’agit en rien d’un complot. Ce système s’est mis en place tout seul, lentement et surement parce qu’il correspond parfaitement à la nature humaine, au vice, et non à la liberté, parce qu’il satisfait aux aspirations élémentaires légitimes plutôt que de faire vivre des rêves ingrats. Le système capitaliste et la démocratie s’imposent, se sont imposés et s’imposeront non pas parce qu’ils reposent sur la liberté, mais parce qu’ils satisfont les hommes. C’est en cela qu’ils sont universels. La liberté était l’arme des civilisations occidentales pour y parvenir, ce ne fut pas celle des Japonais, ce ne sera pas celle des Chinois. Pourtant tous arriveront au même endroit. A bien des égards, cela pourrait bien être la fin de l’Histoire. Et ce serait une belle fin.
Il faut s’en féliciter. La démocratie, le capitalisme sont de bons systèmes. Mais le bon n’interdit pas le mieux. Et si le système refuse toute critique comme immédiatement menaçante et délétère, il ne veut pas non plus la faire taire. Au fonds, les hommes savent que cette liberté qui leur fait peur reste séduisante. Le confort leur a donné des forces, une culture, une envie. Peut être sommes nous prêts à une nouvelle étape. Sans doute faut il ressortir l’arme de la liberté.
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