mercredi 25 août 2010

La cotillardisation de la société française

Cette pauvre Marion Cotillard va payer de son nom pour tous les imposteurs qui nous gouvernent !

Avis aux lecteurs : ce billet n'est pas tout-à-fait comme les autres. A l'inverse de mes précédents articles, qui s'attachaient à décrire (à détruire) des phénomènes particuliers, celui-ci a pour objectif de dénoncer de façon générale et catégorique la situation qu'une grande majorité de Français ressent mais ne sait pas définir, faute d'avoir à sa disposition les concepts nécessaires : cette situation que j'appelle la "cotillardisation" des élites françaises, c'est-à-dire le déclin vertigineux de la créativité que l'on retrouve au sommet des milieux culturel, économique, médiatique et bien évidemment politique. Cet article est donc l'occasion pour moi de préciser ce qui jusqu'ici pouvait être pressenti, à savoir, la ligne directrice de ce blog.

Marion Cotillard me paraît le symbole parfait de la crise que traverse notre pays : une crise sournoise qu'on ne perçoit pas très bien.

On ne peut pas dire que Marion Cotillard est une actrice épouvantable - pour s'en persuader, il suffit de revisionner quelques épisodes de La Bicyclette bleue avec Laetitia Casta, qui est un bon exemple d'actrice épouvantable. Marion Cotillard n'est pas une actrice épouvantable, mais elle est une actrice médiocre. Elle n'est pas une très bonne interprète, puisqu'elle transparaît dans la plupart de ses interprétations, à l'exception notable de son rôle d'Edith Piaf dans La Môme d'Olivier Dahan - où Marion Cotillard est maquillée à un point tel qu'on ne peut pas la reconnaître.

Marion Cotillard est plutôt mignonne, mais elle n'est pas particulièrement séduisante. On ne tombe pas amoureux de Marion Cotillard. On n'est pas bouleversé par Marion Cotillard. La plupart du temps on est même indifférent à Marion Cotillard...

Marion Cotillard est niaise : au moment où l'académie des Oscars la récompensait de sa plus haute distinction, Marion Cotillard s'est fendue d'un discours improvisé qu'elle n'aurait jamais prononcé si un instituteur bienveillant lui avait enseigné dès l'école la signification du mot "ridicule". "Thank you New York, thank you Love... some angels above this city"... On croirait du Marc Levy. Marion Cotillard croit aux théories du complot. Elle pense que les attentats du 11 septembre ont été commandés par George W. Bush, et que les autorités françaises ont menti sur la mort de Coluche. Elle n'est pas seule à le penser : Jean-Marie Bigard ne dit pas autre chose. Elle est passionnée de complots, à tel point qu'elle occupe son temps libre en militant pour l'association Greenpeace.

Bref, Marion Cotillard n'est précisément pas quelqu'un de remarquable. Personne n'est ébloui par les contributions de Marion Cotillard à la dramaturgie.

Et pourtant... Marion Cotillard est l'actrice française qui, en ce moment, réussit le mieux. Les Américains l'ont couronnée : elle a remporté l'Oscar de la meilleure actrice, elle est à la tête du blokcbuster de Christopher Nolan Inception, on risque de la voir apparaître souvent sur les écrans de cinéma ces prochaines années - par exemple à l'affiche du film Contagion de Steven Soderbergh. Elle remporte de précieux contrats publicitaires - elle est devenue l'icône de la marque de luxe Dior, en équivalent féminin de Jude Law. Bref, elle est incontournable.

Ceci ne paraît pas équitable. Il fut un temps où les grandes actrices françaises se nommaient : Arletty, Danielle Darrieux, Jeanne Moreau, ou Catherine Deneuve. Quand Catherine Deneuve tournait dans une publicité pour Yves Saint-Laurent, il y a de cela une quinzaine d'années, voici ce que cela donnait... A cette époque, tout porte à croire que les comédiennes ne jouait pas exactement dans la même cour - de [ré]création.

Quels sont les facteurs qui permettent d'expliquer l'incroyable succès d'une actrice pourtant réputée médiocre ? Il est difficile de les déterminer précisément, mais ils semblent comparables, si ce n'est identiques, aux facteurs qui permettent d'expliquer les réussites éditoriales d'écrivains réputés médiocres (Marc Levy, Anna Gavalda, Katherine Pancol, Guillaume Musso, Amélie Nothomb deux coups sur quatre, Frédéric Beigbeider trois coups sur quatre, François Bégaudeau quatre coups sur quatre), les carrières époustouflantes de politiciens réputés médiocres (Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou, et tout le reste), la présence médiatique d'intellectuels réputés médiocres (Bernard-Henri Levy, Bernard-Henri Levy, Bernard-Henri Levy, etc.), la célébrité de vedettes dénuées de toute capacité de séduction (Benjamin Castaldi, Massimo Gargia, Michael Vendetta, oh et puis, prenez tout le casting des télés réalités people de TF1), les fortunes de joueurs de football que plus personne ne respecte (Nicolas Anelka, Franck Ribéry, Patrice Evra, etc.), etc., etc., etc.

Notre société est dépourvue de modèles auxquels elle pourrait consentir à s'identifier. Ou bien elle les récupère dans les vitrines du passé (de Gaulle, Hugo, Voltaire, Napoléon, Jaurès), ou bien elle se contente des modèles préfabriqués que l'économie numérique produit à grande échelle, et qui pourtant n'inspirent personne.

Il ne serait pas très difficile de qualifier ce constat de "réactionnaire". Pourtant, je ne doute pas qu'il s'agisse d'un constat partagé par un grand nombre de mes compatriotes dont je sais qu'ils n'aimeraient pas qu'on les qualifie de "réactionnaires". C'est un constat froid, triste, amer. Les gens qui nous gouvernent sont incapables de nous faire rêver. Même quand il s'agit, précisément du rôle qu'ils sont censés interpréter. La thématique du rêve est au coeur du scénario d'Inception, et Marion Cotillard ne convainc pas. Nos élites ne sont pas convaincantes. Nous ne les croyons plus, nous ne les aimons plus, et c'est à peine si nous les tolérons encore.

Les récents événements de l'actualité médiatique tendent à faire croire en un retournement de l'opinion publique : les Français, peu à peu, se tirent de la léthargie dépressive dans laquelle ils marinaient encore, et comment à s'animer. Ils s'emportent contre les déclarations ineptes du président de la République. Ils s'insurgent contre l'attitude de l'équipe de France de football lors du mondial sud-africain. Ils se révoltent contre les institutions bancaires qui n'ont corrigé aucun des dysfonctionnements ayant permis le déclenchement de la crise financière. Ils dénoncent le bouclier fiscal du programme sarkozyste, et l'annonce de la suppression des APL. Et mieux encore, ils rient, ils se moquent, ils tournent en caricature les grotesques personnages que nous impose la scène médiatique française, ces pseudo-Bisounours qui passent le plus clair de leur temps à mijoter des complots ridicules, ou à dénoncer leurs adversaires (simili-PetitPoney) en les traitant de fascistes pour nourrir les buzz continus du site jeanmarcmorandini.com.

Contre la cotillardisation de la société française, la guillotine est en place pour décapiter l'oligarchie des impostures !







1 commentaire:

  1. Complètement d’accord avec votre analyse sur la médiocrité culturelle qui règne actuellement et le système commercial qui prend de plus en plus le pas sur l'artistique,dans le milieu culturelle,du spectacle...
    Nous vendre M.Cotillard (pour ne parler que d'elle) pour une grande actrice (quelle escroquerie!) ou M.Levy pour un grand écrivain ou "de rouille et d'os" pour un chef-d’œuvre,est une pure escroquerie!
    Si être réactionnaire c'est ne pas accepter ce système commercial qui consiste à faire des films, des disques,des livres avec des personnalités rentables ou que l'on pense pouvoir le devenir en reléguant les qualités artistiques au dernier plan... Ou encore avec des sujets ou des arrangements musicaux formatés dans l'air du temps... Dans ce cas uniquement,je suis réactionnaire et j'assume!

    Comment la presse dans son immense majorité a pu encenser le film "de rouille et d'os" ???
    Comment pourrait-on donner un prix à ce film ou à Marion Cotillard qui joue dedans, sans se parjurer le plus grossièrement du
    monde ???

    La presse s'est purement et simplement fourvoyée en faisant l'éloge du film qui se laise regarder sans plus "de rouille et d'os"!!!

    RépondreSupprimer