J'ai hésité quelques temps avant d'écrire ce billet. Compte tenu de l'image médiatique déplorable du personnage, je me suis demandé si le fait d'écrire un article pour critiquer les positions de Christian Vanneste pouvait encore avoir un intérêt quelconque. J'avais d'abord écrit quelques lignes, qui m'ont donné l'impression que j'arrosais à tirs continus de kalachnikov une ambulance de brousse modèle Trabant.
Aussi, vais-je donner quelques précautions préliminaires, pour que l'on ne puisse me confondre avec le premier pyromane cathophobe venu : Christian Vanneste n'est ni un abruti complet, ni une ordure violente, ni même un sale type. Il est doté de qualités que l'on retrouve chez un nombre infime de députés français : à savoir qu'il s'exprime dans un français très correct, qu'il est cultivé, et qu'il sait faire preuve d'un certain humour - qui ne me sied guère, mais des goûts, des couleurs et des orientations....
Par ailleurs, j'ajoute qu'à mon avis, comme n'importe quel citoyen français soucieux d'intervenir sur les devants de la scène publique, Christian Vanneste est légitimement doté du droit d'exprimer les opinions qui sont les siennes, même les plus créti(e)nes, dès lors que l'expression de ces idées ne suffit pas à caractériser l'insulte ou l'incitation à la haine d'autrui. Les péripéties judiciaires du député Vanneste avaient quelque chose de navrant, en ceci que par deux fois la justice a voulu interdire à un homme politique le droit d'exprimer des idées stupides - à ce titre, autant que soient prohibés l'exercice du débat et le métier de politicien...
Toutefois, il n'en demeure pas moins que Christian Vanneste reste ce qu'il est : un militant catholique, doublé d'un imposteur homophobe, qui ment lorsqu'il prétend fonder son rejet des comportements homosexuels sur un raisonnement prétendument kantien - qui plus est foireux - ce que je veux tâcher de démontrer ici.
Reprenons les termes même qui avaient été à l'origine d'une polémique virulente : "l'homosexualité est inférieure à l'hétérosexualité, si on la poussait à l'universalité, ce serait dangereux pour l'humanité". Interrogé par Karl Zéro à la suite du jugement rendu par la Cour de cassation - qui l'avait, c'est heureux, blanchi des accusations d'injures publiques envers un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle, puisqu'il n'y avait pas eu injures, mais simplement raisonnement foireux - le député de Tourcoing avait ajouté, en guise de commentaires de ses propos : "c'est mathématique... mon raisonnement, c'est ce qu'on appelle une hyperbole. C'est à dire que pour montrer quelque chose, il faut pousser au maximum. C'est presque un raisonnement, c'est même tout à fait un raisonnement mathématique. Imaginons que tous les hommes soient homosexuels, si tous les hommes sont homosexuels on est foutu quoi". Et d'ajouter : "si tous les hommes sont hétérosexuels on n'est pas foutu, donc y a un comportement qui est meilleur que l'autre".
Pour Christian Vanneste, cette étrange façon de procéder semble avoir quelque chose de logique et d'évident. Généralement, la plupart des philosophes, lorsqu'ils essaient de procéder à l'examen moral d'un comportement, se fondent sur des hypothèses crédibles. Christian Vanneste se fonde sur une hypothèse complètement absurde ce qui permet, d'emblée, de douter du sérieux d'une démarche qu'il tente de justifier en s'abritant derrière le paravent ultime des pensées non-rationnelles (dont à une autre époque le régime hitlérien s'était tout aussi bien servi), à savoir : l'impératif catégorique du promeneur de Königsberg.
Comme le remarquait Richard Dawkins dans The God Delusion (titre en français : Pour en finir avec Dieu), l'usage de l'impératif kantien par l'Eglise catholique pour appuyer les positions morales qui sont les siennes est régulier, et relève la plupart du temps de la mauvaise foi - ce qui est un comble. Si le raisonnement du vieux penseur a tout lieu de s'appliquer à certains comportements, comme le mensonge, dont on comprend bien que s'il était généralisé il n'aurait plus guère de sens, il en va tout autrement pour ce qui concerne la sexualité des adultes consentants.
Ainsi, reprenons le raisonnement vannestien, en changeant l'hypothèse de départ, tout en conservant le présupposé non démontré et contestable qui sous-tend la conclusion du député, à savoir : à partir du moment où l'humanité ne se reproduit plus, "on est foutu" (foutu pourquoi ? d'où vient le principe selon lequel l'espèce humaine serait nécessairement vouée à se perpétuer pour toute éternité ? l'extinction naturelle de l'homme de Néanderthal est-elle alors le crime le plus épouvantable de l'histoire ? l'homosexualité était-elle généralisée chez les néanderthaliens ? etc.).
Supposons désormais que toute l'humanité soit frappée de stérilité. Conclusion : "on est foutu". Corollaire : les personnes fertiles sont moralement supérieures aux personnes stériles. Cette position est-elle raisonnable ? Christian Vanneste validerait-il les conclusions de ce raisonnement ? J'en doute. Il rétorquerait probablement : mais c'est confondre essence et comportement ! Le fait d'être stérile ou fertile ne relève pas d'un choix conscient de l'individu, c'est un fait qu'il est contraint d'accepter tel quel ! Ce à quoi je répondrais : mais c'est également ce que je pense de l'orientation sexuelle de tout un chacun, mon cher Christian !
Mais frappons plus fort. Prenons maintenant l'hypothèse suivante, fondée sur un comportement qui relève tout à fait d'un choix conscient de l'individu, et que l'on peut donc qualifier moralement. Supposons que toute l'humanité choisisse de vouer sa vie au Dieu des catholiques, et pour se faire, prononce un double voeu de célibat et de chasteté afin de réserver la totalité de son amour cruciphile au défunt Jésus Christ. Conséquence : l'humanité ne se reproduit plus. Conclusion : "on est foutu". Corollaire : les laïcs sont moralement supérieurs aux cléricaux. Une fois de plus, j'imagine que les conclusions de ce raisonnement, qui est pourtant le sien, ne seront JAMAIS validées par Christian Vanneste - mais je me demande bien à partir de quel argument...
Au fond, ce que je cherche à démontrer, c'est la position d'imposture de Christian Vanneste, qui prétend que c'est parce qu'il a beaucoup réfléchi, qu'il a étudié la philosophie morale et qu'il a cuisiné tout seul des manières de raisonnement à la sauce kantienne, qu'il en est venu aux conclusions qui sont les siennes sur la moralité des comportements homosexuels. Ceci est très probablement faux. Christian Vanneste condamne les comportements homosexuels parce qu'il a reçu une éducation catholique, et que le catéchisme de l'Eglise catholique condamne les comportements homosexuels, pour des motifs devenus traditions, qui se fondent essentiellement sur quelques interprétations médiévales de vieilles histoires racontées par différents auteurs juifs morts depuis des siècles. Il ne faut pas tellement chercher plus loin.
Ce fondement est le même qui sert à justifier la plupart des positions du catholicisme en matière d'homosexualité : à savoir, qu'il faut accorder la plus grande compassion aux personnes (qui généralement souffrent et sont très malheureuses de leur situation, ce qui se comprend très bien à partir du moment où l'on adhère aux hypothèses fondamentales du catéchisme de l'Eglise catholique, qui considère l'homosexualité comme un péché. Précisions ce qu'il faut entendre par "péché" : une faute qui rapproche l'individu d'une espèce de demi-Dieu du Mal nommé Satan supposé très méchant, et qui éloigne l'individu d'un vrai Dieu qui a trois têtes - une tête de Père, une tête de Fils, et une tête de colombe qui tient une burette d'huile dans le bec - qui lui est très gentil et très aimant. Il est TOUJOURS très gentil et très aimant, même lorsqu'il demande à Abraham de planter un couteau tranchant dans le coeur de son fils pour lui faire plaisir - rassurez-vous, pour de faux, c'était juste pour vérifier si Abraham était cap' ou pas cap') tout en condamnant la pratique, ce qui requiert une très grande souplesse, beaucoup de diplomatie et un exercice régulier de la "Doublepensée" orwellienne.
Conséquence de cette manière catholique et peu chrétienne d'aborder le sujet de l'homosexualité : un individu homosexuel est une personne qui a besoin qu'on l'aide à s'orienter vers le droit chemin de l'hétérosexualité. Cette aide peut revêtir les formes du dialogue, de la prière, ou mieux encore, du traitement clinique en Espagne. Les individus qui refusent qu'on leur accorde cette marque d'amour et de soutien, dès lors qu'ils continuent de vivre dans le péché, font un choix honteux, qu'il est utile de condamner. Ils doivent comprendre qu'il faut qu'ils se cachent et qu'ils dissimulent leurs pratiques qui sont autant de crimes commis en pleine conscience du Mal qui les engendre, autant d'injures projetées à la face du Tout-puissant (à la triple face du Tout-puissant, devrais-je plutôt dire). On ne doit pas les voir. Il faut qu'ils se taisent.
D'où le constat très juste formulé par Didier Eribon : pour un grand nombre de personnes, en particulier de personnes religieuses, le fait que deux homosexuels s'embrassent dans la rue est beaucoup plus inacceptable que d'autoriser l'existence secrète de backrooms spécialisés où se dissimule à l'abri des regards une sexualité bestiale et non protégée. Et cette phrase, mille fois entendue : "Ca les regarde. Ils font ce qu'ils veulent tant qu'on les voit pas".
Raisonnons en termes vannestiens. Supposons que toute l'humanité dissimule à toute l'humanité ce qu'elle est et ce qu'elle ressent au plus profond d'elle-même, qu'elle travestisse les marques d'amour dont elle est capable en mascarades et simagrées. Conclusion : on est bel et bien foutu.
Encore une fois, je ne refuse nullement à Christian Vanneste le droit de s'exprimer publiquement. Bien au contraire. Je revendique pour tout un chacun le droit de dire des choses idiotes, à la condition d'une contrepartie qui consisterait en la possibilité, pour tout un chacun, de dire de propos idiots qu'ils sont des propos idiots, sans considération de leur teneur politique, idéologique ou - bien entendu - confessionnelle.
Aussi, vais-je donner quelques précautions préliminaires, pour que l'on ne puisse me confondre avec le premier pyromane cathophobe venu : Christian Vanneste n'est ni un abruti complet, ni une ordure violente, ni même un sale type. Il est doté de qualités que l'on retrouve chez un nombre infime de députés français : à savoir qu'il s'exprime dans un français très correct, qu'il est cultivé, et qu'il sait faire preuve d'un certain humour - qui ne me sied guère, mais des goûts, des couleurs et des orientations....
Par ailleurs, j'ajoute qu'à mon avis, comme n'importe quel citoyen français soucieux d'intervenir sur les devants de la scène publique, Christian Vanneste est légitimement doté du droit d'exprimer les opinions qui sont les siennes, même les plus créti(e)nes, dès lors que l'expression de ces idées ne suffit pas à caractériser l'insulte ou l'incitation à la haine d'autrui. Les péripéties judiciaires du député Vanneste avaient quelque chose de navrant, en ceci que par deux fois la justice a voulu interdire à un homme politique le droit d'exprimer des idées stupides - à ce titre, autant que soient prohibés l'exercice du débat et le métier de politicien...
Toutefois, il n'en demeure pas moins que Christian Vanneste reste ce qu'il est : un militant catholique, doublé d'un imposteur homophobe, qui ment lorsqu'il prétend fonder son rejet des comportements homosexuels sur un raisonnement prétendument kantien - qui plus est foireux - ce que je veux tâcher de démontrer ici.
Reprenons les termes même qui avaient été à l'origine d'une polémique virulente : "l'homosexualité est inférieure à l'hétérosexualité, si on la poussait à l'universalité, ce serait dangereux pour l'humanité". Interrogé par Karl Zéro à la suite du jugement rendu par la Cour de cassation - qui l'avait, c'est heureux, blanchi des accusations d'injures publiques envers un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle, puisqu'il n'y avait pas eu injures, mais simplement raisonnement foireux - le député de Tourcoing avait ajouté, en guise de commentaires de ses propos : "c'est mathématique... mon raisonnement, c'est ce qu'on appelle une hyperbole. C'est à dire que pour montrer quelque chose, il faut pousser au maximum. C'est presque un raisonnement, c'est même tout à fait un raisonnement mathématique. Imaginons que tous les hommes soient homosexuels, si tous les hommes sont homosexuels on est foutu quoi". Et d'ajouter : "si tous les hommes sont hétérosexuels on n'est pas foutu, donc y a un comportement qui est meilleur que l'autre".
Pour Christian Vanneste, cette étrange façon de procéder semble avoir quelque chose de logique et d'évident. Généralement, la plupart des philosophes, lorsqu'ils essaient de procéder à l'examen moral d'un comportement, se fondent sur des hypothèses crédibles. Christian Vanneste se fonde sur une hypothèse complètement absurde ce qui permet, d'emblée, de douter du sérieux d'une démarche qu'il tente de justifier en s'abritant derrière le paravent ultime des pensées non-rationnelles (dont à une autre époque le régime hitlérien s'était tout aussi bien servi), à savoir : l'impératif catégorique du promeneur de Königsberg.
Comme le remarquait Richard Dawkins dans The God Delusion (titre en français : Pour en finir avec Dieu), l'usage de l'impératif kantien par l'Eglise catholique pour appuyer les positions morales qui sont les siennes est régulier, et relève la plupart du temps de la mauvaise foi - ce qui est un comble. Si le raisonnement du vieux penseur a tout lieu de s'appliquer à certains comportements, comme le mensonge, dont on comprend bien que s'il était généralisé il n'aurait plus guère de sens, il en va tout autrement pour ce qui concerne la sexualité des adultes consentants.
Ainsi, reprenons le raisonnement vannestien, en changeant l'hypothèse de départ, tout en conservant le présupposé non démontré et contestable qui sous-tend la conclusion du député, à savoir : à partir du moment où l'humanité ne se reproduit plus, "on est foutu" (foutu pourquoi ? d'où vient le principe selon lequel l'espèce humaine serait nécessairement vouée à se perpétuer pour toute éternité ? l'extinction naturelle de l'homme de Néanderthal est-elle alors le crime le plus épouvantable de l'histoire ? l'homosexualité était-elle généralisée chez les néanderthaliens ? etc.).
Supposons désormais que toute l'humanité soit frappée de stérilité. Conclusion : "on est foutu". Corollaire : les personnes fertiles sont moralement supérieures aux personnes stériles. Cette position est-elle raisonnable ? Christian Vanneste validerait-il les conclusions de ce raisonnement ? J'en doute. Il rétorquerait probablement : mais c'est confondre essence et comportement ! Le fait d'être stérile ou fertile ne relève pas d'un choix conscient de l'individu, c'est un fait qu'il est contraint d'accepter tel quel ! Ce à quoi je répondrais : mais c'est également ce que je pense de l'orientation sexuelle de tout un chacun, mon cher Christian !
Mais frappons plus fort. Prenons maintenant l'hypothèse suivante, fondée sur un comportement qui relève tout à fait d'un choix conscient de l'individu, et que l'on peut donc qualifier moralement. Supposons que toute l'humanité choisisse de vouer sa vie au Dieu des catholiques, et pour se faire, prononce un double voeu de célibat et de chasteté afin de réserver la totalité de son amour cruciphile au défunt Jésus Christ. Conséquence : l'humanité ne se reproduit plus. Conclusion : "on est foutu". Corollaire : les laïcs sont moralement supérieurs aux cléricaux. Une fois de plus, j'imagine que les conclusions de ce raisonnement, qui est pourtant le sien, ne seront JAMAIS validées par Christian Vanneste - mais je me demande bien à partir de quel argument...
Au fond, ce que je cherche à démontrer, c'est la position d'imposture de Christian Vanneste, qui prétend que c'est parce qu'il a beaucoup réfléchi, qu'il a étudié la philosophie morale et qu'il a cuisiné tout seul des manières de raisonnement à la sauce kantienne, qu'il en est venu aux conclusions qui sont les siennes sur la moralité des comportements homosexuels. Ceci est très probablement faux. Christian Vanneste condamne les comportements homosexuels parce qu'il a reçu une éducation catholique, et que le catéchisme de l'Eglise catholique condamne les comportements homosexuels, pour des motifs devenus traditions, qui se fondent essentiellement sur quelques interprétations médiévales de vieilles histoires racontées par différents auteurs juifs morts depuis des siècles. Il ne faut pas tellement chercher plus loin.
Ce fondement est le même qui sert à justifier la plupart des positions du catholicisme en matière d'homosexualité : à savoir, qu'il faut accorder la plus grande compassion aux personnes (qui généralement souffrent et sont très malheureuses de leur situation, ce qui se comprend très bien à partir du moment où l'on adhère aux hypothèses fondamentales du catéchisme de l'Eglise catholique, qui considère l'homosexualité comme un péché. Précisions ce qu'il faut entendre par "péché" : une faute qui rapproche l'individu d'une espèce de demi-Dieu du Mal nommé Satan supposé très méchant, et qui éloigne l'individu d'un vrai Dieu qui a trois têtes - une tête de Père, une tête de Fils, et une tête de colombe qui tient une burette d'huile dans le bec - qui lui est très gentil et très aimant. Il est TOUJOURS très gentil et très aimant, même lorsqu'il demande à Abraham de planter un couteau tranchant dans le coeur de son fils pour lui faire plaisir - rassurez-vous, pour de faux, c'était juste pour vérifier si Abraham était cap' ou pas cap') tout en condamnant la pratique, ce qui requiert une très grande souplesse, beaucoup de diplomatie et un exercice régulier de la "Doublepensée" orwellienne.
Conséquence de cette manière catholique et peu chrétienne d'aborder le sujet de l'homosexualité : un individu homosexuel est une personne qui a besoin qu'on l'aide à s'orienter vers le droit chemin de l'hétérosexualité. Cette aide peut revêtir les formes du dialogue, de la prière, ou mieux encore, du traitement clinique en Espagne. Les individus qui refusent qu'on leur accorde cette marque d'amour et de soutien, dès lors qu'ils continuent de vivre dans le péché, font un choix honteux, qu'il est utile de condamner. Ils doivent comprendre qu'il faut qu'ils se cachent et qu'ils dissimulent leurs pratiques qui sont autant de crimes commis en pleine conscience du Mal qui les engendre, autant d'injures projetées à la face du Tout-puissant (à la triple face du Tout-puissant, devrais-je plutôt dire). On ne doit pas les voir. Il faut qu'ils se taisent.
D'où le constat très juste formulé par Didier Eribon : pour un grand nombre de personnes, en particulier de personnes religieuses, le fait que deux homosexuels s'embrassent dans la rue est beaucoup plus inacceptable que d'autoriser l'existence secrète de backrooms spécialisés où se dissimule à l'abri des regards une sexualité bestiale et non protégée. Et cette phrase, mille fois entendue : "Ca les regarde. Ils font ce qu'ils veulent tant qu'on les voit pas".
Raisonnons en termes vannestiens. Supposons que toute l'humanité dissimule à toute l'humanité ce qu'elle est et ce qu'elle ressent au plus profond d'elle-même, qu'elle travestisse les marques d'amour dont elle est capable en mascarades et simagrées. Conclusion : on est bel et bien foutu.
Encore une fois, je ne refuse nullement à Christian Vanneste le droit de s'exprimer publiquement. Bien au contraire. Je revendique pour tout un chacun le droit de dire des choses idiotes, à la condition d'une contrepartie qui consisterait en la possibilité, pour tout un chacun, de dire de propos idiots qu'ils sont des propos idiots, sans considération de leur teneur politique, idéologique ou - bien entendu - confessionnelle.
"Si on la poussait à l'universalité, ce serait dangereux pour l'humanité".
RépondreSupprimerCe raisonnement était voltairien, et non kantien. Par ailleurs, comme l'avait remarqué le philosophe anglais Bentham, ce raisonnement pourrait aussi bien s'appliquer à la chaste continence des ecclésiastiques et religieux.
Il me semble que Vanneste et son critique sont finalement d'accord, puisque le second reconnaît à Vanneste le droit de dire ce qu'il pense, et que le premier avait pour souci principal de s'opposer à la loi Halde créant le délit de "propos [prétendument "homophobes"".
Des affaires récentes ont montré que les termes "vannestiens " sont plutôt des termes vaticaniens, le Vatican étant expert pour traiter certaines affaires en toute discrétion.
RépondreSupprimerROBERT BADINTER (né en 1928) :
« Chacun de nous est libre de critiquer ou d'approuver l'homosexualité, chacun est libre de choisir ou de ne pas choisir tel ou tel comportement sexuel ; cela relève du choix intime de la personne ; plus ce choix est intime, plus il est secret et mieux cela vaut. »
Sénat, séance du 5 mai 1982, Journal Officiel [Débats Sénat], p. 1634. r.badinter@senat.fr
Aucun problème à considérer que Vanneste peut dire ce qu'il pense - encore une fois, tant qu'il ne s'agit pas d'insultes, ce qui en l'occurence ne me parait pas avoir été le cas. Il faut se battre pour que ses propres adversaires puissent exprimer leurs idées, en brandissant Voltaire contre n'importe quel censeur.
RépondreSupprimerOn peut tout à fait critiquer l'homosexualité. De même qu'on peut trouver complètement grotesque les tentatives de critiques de l'homosexualité, et les fondements religieux sur lesquels elles s'appuient - ce qui est mon cas.
Je ne m'oppose donc pas à Vanneste sur le terrain de la liberté d'expression, mais sur celui de la situation de l'homosexualité en société. Depuis 1982, bien des changements se sont produits, qui me semblent heureux. Le premier d'entre eux est peut-être que désormais le sujet même de l'homosexualité est sorti du placard il se cachait depuis des siècles, et que l'on peut désormais l'aborder sans rougir, sans honte, et sans signes de croix. Reste encore que pour certaines personnes, un couple hétérosexuel qui s'embrasse dans la rue relève du "mignon", un couple homosexuel qui s'embrasse dans la rue relève de l'"obscène". Pour quelle raison ? Quel principe valable permet de justifier cette différence d'appréciation ? Bien évidemment, comme pour beaucoup de choses, j'ai une théorie là-dessus que je développerai prochainement.
Il y aurait encore de nombreuses choses à dire sur l'imposteur de Tourcoing (notamment sur son étonnante stratégie de défense, qui vise à nier à son adversaire un droit d'existence), ce que je tâcherai de faire dans un prochain billet...