S'il est un enseignement reçu en école de commerce dont je suis sûr qu'il me servira plus tard, quelle que soit la trajectoire professionnelle que je suivrai, et dont je suis tout aussi sûr qu'il est inadmissible et scandaleux, c'est bien celui du culot.
Le culot est l'enseignement fondamental des écoles de commerce. Je ne mens pas , je n'invente rien, souvenez-vous du slogan retenu par l'Ecole des Hautes études commerciales de Jouy-en-Josas : "Apprendre à oser...".
Le culot est l'enseignement fondamental des écoles de commerce. Je ne mens pas , je n'invente rien, souvenez-vous du slogan retenu par l'Ecole des Hautes études commerciales de Jouy-en-Josas : "Apprendre à oser...".
A la différence de l'audace, qui est la qualité des personnes capables de s'affranchir des schèmes de pensée préconçus pour créer quelque chose de nouveau, le culot ne crée strictement rien qui puisse avoir un usage d'intérêt social quelconque. Il ne sert que celui qui s'en sert - autant dire qu'il ne sert pas grand-chose à quoi l'on puisse s'intéresser. Il est la négation de la prudence, de la modération et du respect des autres. Il est l'arme dont rêvait le Grand Dieu du N'Importe Quoi pour imposer au collectif - privé de toute capacité de réaction - une collection d'idées stupides et de propositions grotesques qui trouvent par l'intermédiaire du culot une possibilité d'expression que contenaient jusqu'alors les règles élémentaires de la logique et de la bienséance.
En école de commerce, la règle suivante prédomine - qui vise à ce que les étudiants pratiquent de façon régulière et prolongée des exercices de culot : "toute idée exprimée mérite qu'on la considère comme pertinente", y compris si cette idée ne veut strictement rien dire, si elle n'a aucun rapport avec le contenu du cours qui fait l'objet de la séance, si elle est fausse, archifausse et démentie par l'expérience quotidienne de tout un chacun. Seule compte l'expression d'un quelque chose, quel qu'il soit, dont la valeur intrinsèque n'est pas considérée.
Cette façon d'encourager les étudiants à la pratique du culot s'appuie par ailleurs sur un certain nombre de méthodes dont toutes les écoles de commerce semblent s'être inspirées. Il s'agit par exemple de la technique de la participation, qui procède de la façon suivante : la note trimestrielle d'un étudiant de l'Essec, pour toute matière, est constituée à hauteur de 20% par une estimation de la "participation" de ce même étudiant au déroulement du cours. Autrement dit, 20% de la note d'un Essec dépend de sa capacité à lever la main en plein cours pour poser une question dont l'intérêt n'est qu'accessoire - ou pire, à déblatérer des inepties d'un ton monocorde et prétentieux - ce qui fondamentalement présuppose une maîtrise effective et conséquente de la science du culot. Cette note de participation peut se voir facilement augmentée de quelques points précieux par l'exercice répété d'une discipline sous-jacente au culot que l'on appelle "cirage de pompes". Le culot est un passeport pour tous les pays de l'exagération, à l'inclusion de la Flagornerie, alors trêve de tergiversations et pénétrons sans crainte les contrées fabuleuses de ce nouvel El Dorado ! Larguons nos amarres et qu'aucune contrainte ne nous retienne ! Osons, compagnons d'infortune, osons féliciter tel professeur d'avoir si bien retranscrit telle page de Wikipédia sur un affreux fichier Powerpoint, osons remercier tel enseignant d'avoir bien voulu prendre 30 minutes de son cours de Théorie financière pour nous expliquer les techniques de dérivation de fonctions linéaires, osons récompenser de nos compliments obséquieux tel conférencier venu discourir à propos d'une crise financière survenue par hasard si ce n'est par erreur... Ne soyons pas gênés de nos comportements outranciers : ce sont ces comportements-là mêmes que valorise l'administration d'une école très catholique et fort peu chrétienne qui n'a que faire de la décence !
Encouragés à dire n'importe quoi, n'importe quand à n'importe qui, les étudiants d'école de commerce gagnent en culot tout ce qu'ils perdent en sens critique. Il n'est pas dit qu'il s'agisse d'un bon marché...
En école de commerce, la règle suivante prédomine - qui vise à ce que les étudiants pratiquent de façon régulière et prolongée des exercices de culot : "toute idée exprimée mérite qu'on la considère comme pertinente", y compris si cette idée ne veut strictement rien dire, si elle n'a aucun rapport avec le contenu du cours qui fait l'objet de la séance, si elle est fausse, archifausse et démentie par l'expérience quotidienne de tout un chacun. Seule compte l'expression d'un quelque chose, quel qu'il soit, dont la valeur intrinsèque n'est pas considérée.
Cette façon d'encourager les étudiants à la pratique du culot s'appuie par ailleurs sur un certain nombre de méthodes dont toutes les écoles de commerce semblent s'être inspirées. Il s'agit par exemple de la technique de la participation, qui procède de la façon suivante : la note trimestrielle d'un étudiant de l'Essec, pour toute matière, est constituée à hauteur de 20% par une estimation de la "participation" de ce même étudiant au déroulement du cours. Autrement dit, 20% de la note d'un Essec dépend de sa capacité à lever la main en plein cours pour poser une question dont l'intérêt n'est qu'accessoire - ou pire, à déblatérer des inepties d'un ton monocorde et prétentieux - ce qui fondamentalement présuppose une maîtrise effective et conséquente de la science du culot. Cette note de participation peut se voir facilement augmentée de quelques points précieux par l'exercice répété d'une discipline sous-jacente au culot que l'on appelle "cirage de pompes". Le culot est un passeport pour tous les pays de l'exagération, à l'inclusion de la Flagornerie, alors trêve de tergiversations et pénétrons sans crainte les contrées fabuleuses de ce nouvel El Dorado ! Larguons nos amarres et qu'aucune contrainte ne nous retienne ! Osons, compagnons d'infortune, osons féliciter tel professeur d'avoir si bien retranscrit telle page de Wikipédia sur un affreux fichier Powerpoint, osons remercier tel enseignant d'avoir bien voulu prendre 30 minutes de son cours de Théorie financière pour nous expliquer les techniques de dérivation de fonctions linéaires, osons récompenser de nos compliments obséquieux tel conférencier venu discourir à propos d'une crise financière survenue par hasard si ce n'est par erreur... Ne soyons pas gênés de nos comportements outranciers : ce sont ces comportements-là mêmes que valorise l'administration d'une école très catholique et fort peu chrétienne qui n'a que faire de la décence !
Encouragés à dire n'importe quoi, n'importe quand à n'importe qui, les étudiants d'école de commerce gagnent en culot tout ce qu'ils perdent en sens critique. Il n'est pas dit qu'il s'agisse d'un bon marché...
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