Suite du billet que j'ai publié hier...
Reprenons les conclusions auxquelles nous étions parvenus : Christian Vanneste est un militant catholique faisant mine de tenir des raisonnements kantiens qui ne tiennent pas la route. L'essentiel de ses convictions proviennent d'interprétations théologiques d'un Livre en deux tomes rédigé par différents auteurs, en différentes langues, à différents moments de l'histoire. Il a droit néanmoins, comme tout citoyen français, d'exprimer les convictions qui lui sont chères, aussi stupides qu'elles puissent paraître.
Accusé par un certain nombre d'associations homosexuelles, Christian Vanneste a dénoncé l'existence d'un lobby gay qui d'après lui complote en secret contre l'exercice de la liberté d'expression. A la fin de l'interview accordée à Karl Zéro à laquelle je faisais référence, il tenait les propos suivants : "pour moi il n'y a pas de communautés. Je déteste ce mot. Il y a une seule communauté en France, c'est la Nation". Voilà une déclaration qui, de la part d'un catholique qui ne cache pas ses convictions religieuses, me paraît bien surprenante. L'Eglise ne forme t-elle pas une "communauté" qui dépasse les critères de l'appartenance nationale ? La "communauté des chrétiens" est-elle une chimère à laquelle il nous faut désormais renoncer ? Christian Vanneste est-il un libre penseur protestant qui s'ignore ? Etonnant, vous dis-je.... D'autant plus que la notion de "tensions communautaires" est devenue l'une des tartes à la crème les plus communément cuisinées par le journalisme politique contemporain. Il est question tout le temps, partout des clivages qui découpent et morcellent le territoire républicain, séparant d'un côté les Français musulmans, de l'autre les Juifs français, de l'autre encore les cathos-qui-sont-là-depuis-toujours, et puis ici des militants LGBT, et là encore des cercles financiers, et par ici de la France rurale, etc. Mais pour Christian Vanneste, ce genre de considérations ne fait aucun sens.
Il poursuit : "je refuse absolument l'idée qu'il y ait des communautés qui en plus sont liées à des associations qui prétendent les représenter". Là c'est encore plus fort. Admettons que la notion de "communauté" soit contestable : il s'agit d'un terme abstrait, dont on peut discuter des contours et de la portée. Tel n'est certainement pas le cas des "associations" : elles sont des réalités, elles disposent d'un statut, d'un budget, de membres qui ne sont tout de même pas des personnages de fiction ! Il y a en France de fort nombreuses associations qui représentent telle ou telle "communauté" : associations LGBT, certes, mais encore associations de quartier, associations régionales, associations culturelles, et surtout, associations confessionnelles ! Et rappelons ce fait avéré que Christian Vanneste conteste sans même qu'il soit capable de s'en rendre compte : il appartient lui-même à une communauté religieuse (l'Eglise catholique), qui est représentée par un certain nombre d'associations, comme par exemple la Fédération nationale des associations familiales catholiques, dont l'existence et le rôle ne sont pas du tout contestés par Christian Vanneste, puisqu'il y fait référence sur son propre blog afin de démontrer qu'il représente les intérêts d'une partie très importante de la population !
Citation (Vanneste parle d'une émission de télévision à laquelle on l'avait invité à débattre de la question de l'homoparentalité, et qui "comme par hasard" ne s'est pas déroulée comme il l'avait prévu) : "il est étrange, et finalement assez drôle que les promoteurs acharnés d’un comportement ultra minoritaire se soient retrouvés majoritaires sur le plateau et en possession des légitimités du droit, de la « Science » et de la société civile, alors que les 1800 membres de l’APGL pèsent peu en face des 6 millions de personnes représentées par l’Union Nationale des Associations Familiales, ou même des 36 000 membres des seules Associations Familiales Catholiques (que les médias -comme par hasard- ignorent)"
http://www.christianvanneste.fr/2009/11/13/le-traquenard-ou-le-monde-a-l%E2%80%99envers-l%E2%80%99homoparentalite-majoritaire%E2%80%A6-sur-le-plateau/.
Mais qu'est-ce encore que cette mascarade grotesque ? Où est la cohérence dans les propos que tient d'un ton particulièrement pontifiant le "philosophe" Christian Vanneste ? C'est à n'y plus rien comprendre. D'une part il nous explique qu'il n'y a pas de communautés et pas d'associations qui soient légitimes à représenter ces communautés, d'autre part il nous explique sur son blog que les associations familiales, et notamment les associations familiales catholiques, sont tout à fait légitimes pour défendre les intérêts des personnes qu'elles représentent.
Bref, Vanneste s'embrouille dans des contradictions qui nous renvoient au problème de fond qui structure toutes les positions du député de Tourcoing : c'est un militant catholique qui considère l'homosexualité comme un péché honteux. Par voie de conséquence, il faut contraindre au silence les associations qui cherchent à défendre l'idée contraire, à savoir, que l'homosexualité est un comportement socialement acceptable - autrement la société ne tiendrait pas, la société serait menacée, on risquerait de se retrouver "foutus" comme feu nos amis les néanderthaliens !
Drôle de conception de la liberté d'expression de la part d'un homme qui pour se défendre de ses adversaires invoque la "France de Voltaire" ! Christian Vanneste conclut ses propos par une déclaration remarquable : "je pense que tous ces gens qui s'arrogent le droit de penser à la place des autres sont déjà une atteinte à la démocratie. Donc il faut écarter ça". Ben voyons... Les associations homosexuelles ennuient Christian Vanneste, elles le trainent en justice - justice, qui rappelons-le, a fini par BLANCHIR Christian Vanneste - donc écartons les associations homosexuelles, qui de toutes façons dénoncent des idées "évidemment" nauséabondes. De la part de quelqu'un qui revendiquait en début d'interview la possibilité d'un débat franc, voilà qui ne manque pas de toupet !
Simplifions les choses : pour Christian Vanneste, de même que pour les "lobbys sectaires" qu'il prétend dénoncer, tout le monde a droit d'exprimer ses idées à partir du moment où elles correspondent à un corpus d'idées préalablement défini. Idées qui pour Christian Vanneste revêtent toutes les caractéristiques de l'évidence. Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer une autre citation, prononcée cette fois sur les bancs de l'Assemblée Nationale, de notre ami député : "la notion même de l'idée d'homophobie tend à accréditer l'idée que le comportement homosexuel a la même valeur que d'autres comportements, alors qu'il est évidemment une menace pour l'humanité, pour sa survie, tout simplement pour le respect de l'humanité. Mais oui ! Mais évidemment, évidemment !". Qu'est ce que cette idée a d'évident ? Il m'apparaît personnellement que cette idée n'est pas évidente du tout, et qu'elle mériterait des explications. L'attitude de Christian Vanneste qui ne peut s'empêcher de répéter comme une incantation "évidemment, évidemment" me rappelle la stratégie que bon nombre des étudiants en classe préparatoire scientifique utilisent pour dissimuler, au cours d'une démonstration mathématique, les failles de leur raisonnement. J'ai appelé cette stratégie le "théorème de l'évidence". Ce n'est pas très compliqué : lorsqu'un point de la démonstration pose problème, et que l'on a besoin néanmoins d'un résultat connu d'avance pour progresser dans le raisonnement, il suffit de poser que ce résultat est comme-de-bien-entendu tout à fait évident, évident à un point tel qu'il ne nécessite même pas la peine d'être démontré. Généralement, les correcteurs ne sont pas dupes de la supercherie...
En guise de démonstration de cette "évidence", Christian Vanneste livrera par la suite le raisonnement bidon auquel nous faisions hier référence, qui prouve bien qu'en réalité, c'est une idée qui n'est pas évidente du tout... Mais Christian Vanneste, contrairement à ses adversaires et comme tout militant catholique, est persuadé de détenir le monopole de la Vérité, une Vérité qui chez lui correspond à la figure difficile à concevoir d'un Dieu tricéphale. Autant dire que pour lui, les démonstrations sont accessoires.
Dans une autre interview, Christian Vanneste nous livrait le nom de son philosophe préféré : Martin Heidegger. Heidegger... le grand penseur du N'importe Quoi conceptuel, de la bouillie notionnelle, de la Terre qui ne ment pas et des contradictions perçues comme principe organisateur de la pensée rationnelle. A vrai dire, je ne suis pas très surpris.
Accusé par un certain nombre d'associations homosexuelles, Christian Vanneste a dénoncé l'existence d'un lobby gay qui d'après lui complote en secret contre l'exercice de la liberté d'expression. A la fin de l'interview accordée à Karl Zéro à laquelle je faisais référence, il tenait les propos suivants : "pour moi il n'y a pas de communautés. Je déteste ce mot. Il y a une seule communauté en France, c'est la Nation". Voilà une déclaration qui, de la part d'un catholique qui ne cache pas ses convictions religieuses, me paraît bien surprenante. L'Eglise ne forme t-elle pas une "communauté" qui dépasse les critères de l'appartenance nationale ? La "communauté des chrétiens" est-elle une chimère à laquelle il nous faut désormais renoncer ? Christian Vanneste est-il un libre penseur protestant qui s'ignore ? Etonnant, vous dis-je.... D'autant plus que la notion de "tensions communautaires" est devenue l'une des tartes à la crème les plus communément cuisinées par le journalisme politique contemporain. Il est question tout le temps, partout des clivages qui découpent et morcellent le territoire républicain, séparant d'un côté les Français musulmans, de l'autre les Juifs français, de l'autre encore les cathos-qui-sont-là-depuis-toujours, et puis ici des militants LGBT, et là encore des cercles financiers, et par ici de la France rurale, etc. Mais pour Christian Vanneste, ce genre de considérations ne fait aucun sens.
Il poursuit : "je refuse absolument l'idée qu'il y ait des communautés qui en plus sont liées à des associations qui prétendent les représenter". Là c'est encore plus fort. Admettons que la notion de "communauté" soit contestable : il s'agit d'un terme abstrait, dont on peut discuter des contours et de la portée. Tel n'est certainement pas le cas des "associations" : elles sont des réalités, elles disposent d'un statut, d'un budget, de membres qui ne sont tout de même pas des personnages de fiction ! Il y a en France de fort nombreuses associations qui représentent telle ou telle "communauté" : associations LGBT, certes, mais encore associations de quartier, associations régionales, associations culturelles, et surtout, associations confessionnelles ! Et rappelons ce fait avéré que Christian Vanneste conteste sans même qu'il soit capable de s'en rendre compte : il appartient lui-même à une communauté religieuse (l'Eglise catholique), qui est représentée par un certain nombre d'associations, comme par exemple la Fédération nationale des associations familiales catholiques, dont l'existence et le rôle ne sont pas du tout contestés par Christian Vanneste, puisqu'il y fait référence sur son propre blog afin de démontrer qu'il représente les intérêts d'une partie très importante de la population !
Citation (Vanneste parle d'une émission de télévision à laquelle on l'avait invité à débattre de la question de l'homoparentalité, et qui "comme par hasard" ne s'est pas déroulée comme il l'avait prévu) : "il est étrange, et finalement assez drôle que les promoteurs acharnés d’un comportement ultra minoritaire se soient retrouvés majoritaires sur le plateau et en possession des légitimités du droit, de la « Science » et de la société civile, alors que les 1800 membres de l’APGL pèsent peu en face des 6 millions de personnes représentées par l’Union Nationale des Associations Familiales, ou même des 36 000 membres des seules Associations Familiales Catholiques (que les médias -comme par hasard- ignorent)"
http://www.christianvanneste.fr/2009/11/13/le-traquenard-ou-le-monde-a-l%E2%80%99envers-l%E2%80%99homoparentalite-majoritaire%E2%80%A6-sur-le-plateau/.
Mais qu'est-ce encore que cette mascarade grotesque ? Où est la cohérence dans les propos que tient d'un ton particulièrement pontifiant le "philosophe" Christian Vanneste ? C'est à n'y plus rien comprendre. D'une part il nous explique qu'il n'y a pas de communautés et pas d'associations qui soient légitimes à représenter ces communautés, d'autre part il nous explique sur son blog que les associations familiales, et notamment les associations familiales catholiques, sont tout à fait légitimes pour défendre les intérêts des personnes qu'elles représentent.
Bref, Vanneste s'embrouille dans des contradictions qui nous renvoient au problème de fond qui structure toutes les positions du député de Tourcoing : c'est un militant catholique qui considère l'homosexualité comme un péché honteux. Par voie de conséquence, il faut contraindre au silence les associations qui cherchent à défendre l'idée contraire, à savoir, que l'homosexualité est un comportement socialement acceptable - autrement la société ne tiendrait pas, la société serait menacée, on risquerait de se retrouver "foutus" comme feu nos amis les néanderthaliens !
Drôle de conception de la liberté d'expression de la part d'un homme qui pour se défendre de ses adversaires invoque la "France de Voltaire" ! Christian Vanneste conclut ses propos par une déclaration remarquable : "je pense que tous ces gens qui s'arrogent le droit de penser à la place des autres sont déjà une atteinte à la démocratie. Donc il faut écarter ça". Ben voyons... Les associations homosexuelles ennuient Christian Vanneste, elles le trainent en justice - justice, qui rappelons-le, a fini par BLANCHIR Christian Vanneste - donc écartons les associations homosexuelles, qui de toutes façons dénoncent des idées "évidemment" nauséabondes. De la part de quelqu'un qui revendiquait en début d'interview la possibilité d'un débat franc, voilà qui ne manque pas de toupet !
Simplifions les choses : pour Christian Vanneste, de même que pour les "lobbys sectaires" qu'il prétend dénoncer, tout le monde a droit d'exprimer ses idées à partir du moment où elles correspondent à un corpus d'idées préalablement défini. Idées qui pour Christian Vanneste revêtent toutes les caractéristiques de l'évidence. Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer une autre citation, prononcée cette fois sur les bancs de l'Assemblée Nationale, de notre ami député : "la notion même de l'idée d'homophobie tend à accréditer l'idée que le comportement homosexuel a la même valeur que d'autres comportements, alors qu'il est évidemment une menace pour l'humanité, pour sa survie, tout simplement pour le respect de l'humanité. Mais oui ! Mais évidemment, évidemment !". Qu'est ce que cette idée a d'évident ? Il m'apparaît personnellement que cette idée n'est pas évidente du tout, et qu'elle mériterait des explications. L'attitude de Christian Vanneste qui ne peut s'empêcher de répéter comme une incantation "évidemment, évidemment" me rappelle la stratégie que bon nombre des étudiants en classe préparatoire scientifique utilisent pour dissimuler, au cours d'une démonstration mathématique, les failles de leur raisonnement. J'ai appelé cette stratégie le "théorème de l'évidence". Ce n'est pas très compliqué : lorsqu'un point de la démonstration pose problème, et que l'on a besoin néanmoins d'un résultat connu d'avance pour progresser dans le raisonnement, il suffit de poser que ce résultat est comme-de-bien-entendu tout à fait évident, évident à un point tel qu'il ne nécessite même pas la peine d'être démontré. Généralement, les correcteurs ne sont pas dupes de la supercherie...
En guise de démonstration de cette "évidence", Christian Vanneste livrera par la suite le raisonnement bidon auquel nous faisions hier référence, qui prouve bien qu'en réalité, c'est une idée qui n'est pas évidente du tout... Mais Christian Vanneste, contrairement à ses adversaires et comme tout militant catholique, est persuadé de détenir le monopole de la Vérité, une Vérité qui chez lui correspond à la figure difficile à concevoir d'un Dieu tricéphale. Autant dire que pour lui, les démonstrations sont accessoires.
Dans une autre interview, Christian Vanneste nous livrait le nom de son philosophe préféré : Martin Heidegger. Heidegger... le grand penseur du N'importe Quoi conceptuel, de la bouillie notionnelle, de la Terre qui ne ment pas et des contradictions perçues comme principe organisateur de la pensée rationnelle. A vrai dire, je ne suis pas très surpris.
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