Le comité Nobel norvégien a décerné son prix à l’Union Européenne « Pour avoir contribué pendant plus de six décennies à promouvoir la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l'homme en Europe ». Cette décision n’est pas dénuée de cynisme quand on sait que le peuple Norvégien a refusé, par deux referendums, de rejoindre la dite Union Européenne, et que les sondages indiquent que plus de 75% des Norvégiens restent hostiles à toute adhésion.
Ce prix vient une fois encore consacrer une fracture définitive entre quelques élites européistes qui n’ont de cesse de s’auto-congratuler et des peuples qui constatent que l’Union Européenne n’a plus rien à voir avec le rêve européen.
En effet, tous les prix du monde et les déclarations lénifiantes n’y pourront rien, l’Union Européenne, qui n’a que 20 ans et non pas 60 comme le proclame le comité Nobel, n’est plus l’Europe de la Paix qu’avait consacrée Adenauer et de Gaulle, Kohl et Mitterrand.
L’Europe de la paix, celle du traité de Rome, celle des peuples libres, fraternels et prospères fut un succès dont tous les Européens ont célébré les bienfaits. Personne ne songe ni à la contester, ni à la remettre en cause.
Mais cette Europe de la paix n’est plus l’Union Européenne. En vingt années, l’Europe fédéraliste et technocratique n’a connu que des échecs dans ses tentatives infructueuses de renforcer la paix et la sécurité en Europe. Dans les Balkans, l’Union Européenne a été incapable de réagir seule face à l’horreur de la guerre civile. Sur les marches orientales du continent, l’Union européenne laisse, incapable, les peuples biélorusses, ukrainiens et moldaves être oppressés par des régimes dictatoriaux.
Pire encore, en imposant à travers tous les continents des politiques autoritaires, décidées par des technocrates non élus, l’Union Européenne a recréé des tensions et réouvert les plaies que l’Europe de la paix avait refermées. Quand Angela Merkel est accueillie par des croix gammées à Athènes par un peuple grec accablé par des mesures illégitimes et criminelles, peut-on penser que la paix, le progrès et la fraternité progressent en Europe ?
L'Union Européenne détruit l’Europe de la paix. Les apparatchiks à Bruxelles asservissent les peuples que les pères du traité de Rome avaient réconciliés. Ils mettent l'Europe à feu et à sang et détruiront ce que d’autres avaient bâti.
C'est donc à titre postume que le comité Nobel décerne ce prix à l'Europe. Puisse cet hommage à cette admirable défunte nous rappeller que l'Europe peut être encore un rêve, et non ce cauchemar que vivent les peuples.