vendredi 12 octobre 2012

L’Europe de la Paix n’est plus celle de Bruxelles : REQUIEM pour un rêve.

Le comité Nobel norvégien a décerné son prix à l’Union Européenne « Pour avoir contribué pendant plus de six décennies à promouvoir la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l'homme en Europe ». Cette décision n’est pas dénuée de cynisme quand on sait que le peuple Norvégien a refusé, par deux referendums, de rejoindre la dite Union Européenne, et que les sondages indiquent que plus de 75% des Norvégiens restent hostiles à toute adhésion.


Ce prix vient une fois encore consacrer une fracture définitive entre quelques élites européistes qui n’ont de cesse de s’auto-congratuler et des peuples qui constatent que l’Union Européenne n’a plus rien à voir avec le rêve européen.


En effet, tous les prix du monde et les déclarations lénifiantes n’y pourront rien, l’Union Européenne, qui n’a que 20 ans et non pas 60 comme le proclame le comité Nobel, n’est plus l’Europe de la Paix qu’avait consacrée Adenauer et de Gaulle, Kohl et Mitterrand.


L’Europe de la paix, celle du traité de Rome, celle des peuples libres, fraternels et prospères fut un succès dont tous les Européens ont célébré les bienfaits. Personne ne songe ni à la contester, ni à la remettre en cause.


Mais cette Europe de la paix n’est plus l’Union Européenne. En vingt années, l’Europe fédéraliste et technocratique n’a connu que des échecs dans ses tentatives infructueuses de renforcer la paix et la sécurité en Europe. Dans les Balkans, l’Union Européenne a été incapable de réagir seule face à l’horreur de la guerre civile. Sur les marches orientales du continent, l’Union européenne laisse, incapable, les peuples biélorusses, ukrainiens et moldaves être oppressés par des régimes dictatoriaux.


Pire encore, en imposant à travers tous les continents des politiques autoritaires, décidées par des technocrates non élus, l’Union Européenne a recréé des tensions et réouvert les plaies que l’Europe de la paix avait refermées. Quand Angela Merkel est accueillie par des croix gammées à Athènes par un peuple grec accablé par des mesures illégitimes et criminelles, peut-on penser que la paix, le progrès et la fraternité progressent en Europe ?

L'Union Européenne détruit l’Europe de la paix. Les apparatchiks à Bruxelles asservissent les peuples que les pères du traité de Rome avaient réconciliés. Ils mettent l'Europe à feu et à sang et détruiront ce que d’autres avaient bâti.

C'est donc à titre postume que le comité Nobel décerne ce prix à l'Europe. Puisse cet hommage à cette admirable défunte nous rappeller que l'Europe peut être encore un rêve, et non ce cauchemar que vivent les peuples.

lundi 10 septembre 2012

Avec M. Hollande, Les Français paieront les impôts de M. Arnault !

Les riches fuient, et les Français paient. Voila le programme improvisé à quelques jours d’écart par le PDG de LVMH, M. Arnault et le président de la République François Hollande.

La volonté de M. Arnault d'acquérir la double nationalité franco-belge a provoqué à juste titre un émoi chez les Français. En effet l’exil fiscal de l’homme le plus riche du pays donne toute sa mesure à l’injustice de la politique annoncée par M. Hollande.

Alors que la France s’enfonce dans la récession, M. Hollande ne trouve rien de mieux à faire que d’augmenter les impôts sur les classes moyennes de 10 milliards d’euros ! Pendant que chaque foyer français sera amené à contribuer davantage à l’effort national au-delà du soutenable, la fameuse taxe de 75% annoncée pendant la campagne révèle sa vacuité. Comme l’affirme Thomas Piketty, économiste pourtant proche du PS, une telle taxe se base sur une assiette totalement « trouée » : c’est à dire, en quelques mots simples, que les plus riches sauront l’éviter et ne paieront jamais !

M. Arnault,  première fortune de France et d'Europe,  se moque bien des difficultés de notre pays et des peuples européens. Après tout, la plupart de ses clients sont à l’abri du besoin… Il n'a d’autre souci que de placer ses 40 milliards d'euros loin du fisc Français. Ses "éclaircissements" sur sa volonté de payer tous ses impôts en France et d'acquérir la nationalité belge pour faciliter des projets d'investissements sont juste grotesques et mensongers. Pourquoi dans ce ca ne pas demander la nationalité de marchés bien plus prometteurs, comme la Chine ou le Brésil ?

Cet exil est d'autant plus choquant qu’il concerne le dirigeant d'un empire du luxe français. En effet M. Arnault a fait toute sa fortune sur la promotion et de savoir-faire des artisans et créateurs qu'il a su regrouper. Sans préjuger de ses talents de gestionnaire c’est bien la marque "France" et non les produits issus de la créativité de M. Arnault qui se vendent au Japon ou dans le Golfe! C’est un petit bout de France qu’une riche chinoise affiche à son bras, pas une relique de M. Arnault.

C’est donc une trahison ingrate, une nouvelle forfaiture d’une élite mondialisée qui pense ne rien devoir à personne tant le pouvoir politique est devenu faible. Ce sont les Français qui paieront la démagogie fiscale de M. Hollande pendant la campagne présidentielle, qui a fait sciemment une promesse qu’il saurait ne jamais tenir.

Le dumping fiscal n’est pourtant pas une fatalité mais bien un abandon de nos dirigeants. Il est possible de réaliser une révolution fiscale juste à condition que la France exige une coopération avec ses partenaires européens intraitables sur les exilés fiscaux et rétablisse le cas échéant ses frontières faute de réels progrès. 

lundi 23 juillet 2012

François Hollande au Vel D’Hiv : du passé, faisons table ouverte.



Fut un temps assez lointain où les intellectuels de gauche méprisaient le passé, ou plus précisément, n’y voyaient rien d’autre qu’une histoire de l’oppression, de la superstition, de la soumission. Bref, la cristallisation de tout ce qu’ils combattaient. Les quelques révolutionnaires sincères qui peuvent rester ici ou là chantent encore l’Internationale pour faire rimer la promesse d’un monde nouveau avec la fin du monde ancien : « du passé, faisons table rase ».
                                     
Fut un temps moins lointain où ce même passé était devenu un musée généreux dans lequel des petits bourgeois sociaux-démocrates pouvaient piocher à loisir les références anesthésiées qui leur plaisaient : la mystique jaurésienne ou le roman guevariste. Quelques très belles heures de grands combats historiques pour enchanter les manifestations étudiantes s’opposant à des sujets non moins glorieux, tels les 15 minutes de cours supplémentaires imposés par un quelconque « néofasciste » élu aux dernières législatives.

Voila maintenant le temps présent où le passé est tout ce qu’il reste du projet politique. Faire des excuses aux morts aux noms des assassins depuis longtemps disparus, c’est toute l’aventure moderne selon François Hollande. L’histoire nationale est devenu un banquet où n’importe quel homme politique en mal de hauts faits peut se vautrer. Non content d’inaugurer les chrysanthèmes, le Président de la République les distribue, et se permet d’associer la France et son histoire dans le don intéressé de son honneur.

Qu’un président n’ait plus rien à dire à la France sur son avenir n’est pas bien nouveau. Qu’il se réfugie dans des actes de bravoure toutes verbales est dès lors aussi compréhensible que regrettable.  D’autant plus que les électeurs qui pourraient s’en offusquer ont disparu. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Hollande tente désespérément de se mettre dans les pas de Chirac. Entre lâches, plus on se connait, et plus on s’apprécie. Cependant, le discours de Chirac de 1995 avait le mérite de s’appuyer sur les faits.

En ce 22 juillet, Hollande lui, se moquait bien des faits. Il voulait sa bravade, sa misérable gloriole marquée dans l’histoire. Salir en quelques mots la mémoire de toute une partie de la France, ce n’est pas cher payer pour briller aux prochains diners en ville. Car François Hollande ne fait pas dans la nuance. Rien n’est vraiment vrai en communication, tout est permis pour la morale. Hollande est un rigolo, l’homme des petites blagues, le « président des bisous ». Sarkozy était lamentablement vulgaire, Hollande est vulgairement lamentable.

Non ce n’est pas la France qui a raflé et assassiné plus de 13 000 Français et résidents juifs, c’est l’Etat Français. Ca ne pouvait pas être la France, car la France n’existait plus. La France état perdue, suspendue, divisée. De la même manière que ce n’est pas la France qui a résisté mais les Résistants,  ce n’est pas la France qui a collaboré mais les Collaborateurs. Si la gloire des uns ne peut effacer les crimes des autres, le pire des crimes ne peut ternir la moindre des gloires. Le Président n’avait donc pas le droit de sacrifier l’une des mémoires à l’autre.

Mais la lâcheté de Hollande est double. Non seulement il trahit l’Histoire de France, mais aussi ses tragédies les plus récentes. Voulant être le plus ardent ennemi de l’antisémitisme, il a voulu lier la Rafle du Vel D’hiv aux tragédies de Toulouse et de Montauban. Ou plutôt à la tragédie, car le président Hollande, honorant à juste titre la mémoire des français assassinés parce que juifs, a oublié –à nouveau- les adultes assassinés parce que militaires.
Les tueries de Toulouse et de Montauban n’étaient pas une réminiscence sordide du Vel d’Hiv M. Hollande. Ce n’était pas non plus un crime d’Etat, à moins que vous ayez d’autres confessions à nous faire. C’était le crime d’un Français contre d‘autres Français, et c’est bien à l’histoire, et non à vous, M. le Président, d’en identifier ses causes.

mercredi 9 mai 2012

. “It’s all about the Economy, but Obama is not stupid.



Un malheur ne venant jamais seul, la stupéfiante médiocrité de notre science politique lance un défi permanent à la langueur journalistique. J’aurais voulu relancer mon blog en parlant de l’élection française d’abord, de la situation en Grèce bien sûr. Mais l’actualité de la campagne électorale américaine permet un éclairage à mes yeux plus intéressant sur notre petite situation.

L’hystérèse intellectuelle est un fléau qui renvoie toute analyse politique brillante à son inévitable sénilité. Dans une société prospère, pacifiée par le progrès éducatif, social et économique, l’aspiration commune au consensus s’imposait comme une évidence. « Une élection se gagne au centre » disait l’autre ; il ne pouvait pas avoir complètement tort.

Pourtant, ce bon sens démocratique n’est plus qu’un credo qui tente en toute bonne foi de faire vivre une réalité déjà morte. En créant de nouveaux intérêts de classe contradictoires, la mondialisation libérale a brisé les sociétés occidentales en deux cercles qui se mêlent de moins en moins, et s’opposent de plus en plus. Le phénomène est très visible en France, ou de plus en plus de nos concitoyens s’excluent eux-mêmes des classes moyennes, se définissant, parfois contre les réalités économiques, parmi les précaires, comme un désir manqué de reconstituer un nouveau Tiers Etat. Au contraire aux Etats Unis, ce même déclassement conduit les citoyens à se constituer en groupes identitaires, en nouvelles communautés que la prospérité de la Grande Société avait considérablement diluées.

Le sentiment d’appartenance devient une revendication de clivage. Depuis Bush en 2000, une élection se gagne non plus au centre, mais en choisissant son centre, celui du cercle des valeurs des classes que l’on estime à même de remporter un scrutin majoritaire, si possible en ralliant dans son orbite quelques groupes isolés. Dès lors, les valeurs deviennent aussi déterminantes que la situation économique, et le bon mot de Clinton sur sa victoire sur Bush Senior, « It’s the economy, stupid ! », fut le chant du cygne du progressisme.

Alors que tous les commentateurs se focalisent sur la situation de l’emploi, et que Mitt Romney , en bon patricien errant entre le Country Club et la Chambre de commerce, semble prêt à jeter sur les bureaucrates ses prétentions entrepreneuriales Barack Obama démarre la campagne en annonçant qu’il soutient le mariage gay. Même si cet engagement est personnel, et que sa ligne politique demeure identique (les lois matrimoniales ne sont pas fédérales), le symbole est fort. Et clivant.

Si clivant que sa victoire serait mise en cause par cette excès de naïveté. La méthode est policée pourtant. Son engagement est présenté comme un cheminement personnel, sans doute sincère, préparé par des prises de position d’élus de premier plan comme le Vice-President Biden.

Obama aurait donc péché par bravoure et compassion, en ouvrant involontairement la campagne sur les valeurs après un mandat structurellement lié au redressement économique. Il n’en est rien, et le président sait pertinemment que si l’économie peut le faire perdre, seule une campagne sur les valeurs est en mesure de lui assurer une victoire.

En effet la Primaire républicaine a démontré à ceux qui en doutaient que rassembler au centre n’était pas suffisant. Si la capacité de rassemblement est essentielle pour être désigné (d’où l’échec des candidats hystériques), elle ne peut s’affranchir d’une affirmation culturelle tout aussi forte. Ne pas être capable de défendre sa classe de valeurs, par le clivage, empêche toute possibilité de rassemblement. A partir du moment où l’écrasante majorité d’un électorat cible est favorable au clivage que l’on doit porter, rassembler et cliver deviennent parfaitement complémentaires.

On oublie  à quel point Obama a été réticent à faire campagne sur l’économie en 2007. Alors qu’il est évident que c’est le traumatisme de la crise financière qui a permis de dépasser le vote culturel blanc pour lui donner la victoire finale. Il sait aussi que ce sont les valeurs qu’il incarnait qui a permis la mobilisation initiale de son camp. Si son bilan économique est bon au regard des circonstances il reste très difficile à défendre à l’aune du fort taux de chômage qui frappe ses électeurs. Son aura a par ailleurs été amoindrie par les réalités du pouvoir. Obama doit retrouver un moyen de mobiliser non pas seulement son camp politique mais les classes qu’il défend, ces classes intégrés à la mondialisation, urbaines, qui regardent HBO et True Blood. Or Rommey séduira autant ces classes moyennes avec son programme économique modéré qu’il les repoussera avec sa bigoterie. Cliver est donc un préalable pour Obama, surtout si on peut le faire avec humanisme et élégance ; avec un vrai-faux nouveau sujet, un sujet qu’il aurait muri en même temps que le reste d’une certaine Amérique. L’économie viendra bien assez tôt, et il vaudra mieux avoir sécurisé les états libéraux et galvaudé à nouveau des militants déçus.

Il n’y a d’ailleurs pas de hasard dans le calendrier du président américain. Le 8 mai 2012, la Caroline du Nord interdit le mariage gay. Le lendemain, Obama se découvre l’âme LGBT. A-t-il décidé de perdre la Caroline du Nord ? Peut être, mais Washington vaut bien le sacrifice possible de Charlotte.

En fait, Obama sait que la Caroline du Nord,  Etat sudiste qui a bouleversé son histoire en sa faveur en 2008, illustre parfaitement le combat à venir. La Caroline n’a jamais trouvé sa place réelle dans l’économie fordiste, et est devenu, depuis les années 1980 un refuge pour les industries qui fuient  les syndicats et partent à la recherche d’une main d’œuvre bon marché. Elle reproduit sur le sol américain le déclassement économique et social produit par la mondialisation. Ainsi, les couches populaires de Caroline ne sont pas coalisées en classes moyennes homogènes, unis par un sentiment d’appartenance sociale progressivement déterminé et organisé. Le progrès économique au ralenti n’est dès lors plus lié à un progrès social. Leur fierté se fonde sur leurs anciennes valeurs, des valeurs de petits blancs. Il y a dès lors un vote économique, il y a un vote culturel. Obama sait déjà qu’il a perdu le vote culturel, mais en clivant dès aujourd’hui, il laisse à ces militants le temps de récupérer, peut être, le vote économique.